Anesthésie locale by Günter Grass

Auteur:Günter Grass [Grass, Günter]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature allemande
ISBN: 9782757818268
Éditeur: Points
Publié: 2010-03-10T23:00:00+00:00

(J’étais pourvu d’Arantil.) Et de petits papiers que je joignais à des petits papiers. – Le gamin se démolit. Le gamin me démolit. De quoi aurai-je l’air s’il le fait. Il devrait y aller doucement. Comme si je n’avais pas envie. Ou de taper dans le tas, de faire place nette. (Dix mille bulldozers…) Créer une situation claire. Repartir à zéro. L’instinct révolutionnaire natif juste après qu’on s’est lavé les dents : Finissons-en avec les réformistes hypocrites et laissons souffler l’haleine ardente de la révolution, afin qu’une génération neuve… Maintenant il fallait placer un voyage scolaire. À Bonn, ma foi. Nous pourrions entendre de la tribune supérieure ce qu’on a à dire sur la planification financière à moyen terme. Et ensuite des rédactions : Comment travaille la Diète fédérale ? Ou bien : Si j’étais député. – Ou encore sur le mode provocant : Parlement ou parlote ? – Naturellement, je pourrais aussi téléphoner de Bonn : « Linde, c’est moi. Ben moi. Ton ancien. – Oui je sais. Ça ne date pas d’hier. Et il n’y a pas que ma voix qui ait changé. Mais la tienne pas du tout. Est-ce qu’on pourrait ? Où ? De préférence à Andernach sur la promenade du Rhin. J’attendrai sur le bastion parmi les ex-voto de Bonsecours, tu te rappelles ? J’ai deux trois heures disponibles. Pas avec moi tout seul ? Le gérant de l’hôtel du Raisin ? Ah bon. Je comprends. Dois-je amener mon élève en guise de chaperon ? Très doué. S’appelle Scherbaum. Je lui ai parlé de nous par allusions. Je veux dire : de toi et de moi, jadis. Ce matin nous étions à la Diète fédérale. Plutôt déprimant. Et rends-toi compte, le gars veut arroser son chien d’essence et le brûler. En public. Non. Pas à Bonn. Chez nous sur le Kurfürstendamm devant le célèbre hôtel Kempinski. Parce que les Berlinois sont fous de chiens, dit-il… » Mais je pourrais proposer ceci à Scherbaum s’il ne renonce pas à son projet : Scherbaum, mon ancienne fiancée vous conseille de brûler votre chien en public, non à Berlin, où vous donnerez seulement un choc à quelques bonnes femmes avides de gâteaux, mais à Bonn, siège du pouvoir politique. Placé avec précision, avant une séance importante de la Diète : quand ils passent, le chancelier et ses ministres…

Quand je suggérai à Scherbaum et à son amie Vero l’entrée principale du Bundeshaus, il dit qu’il y avait déjà songé.

« Et pourquoi ici et pas à Bonn ?

— Ça se perdrait dans le tourbillon général.

— Ils ne feront que rire en voyant Max brûler, et diront :

Et alors ? – Ils appelleront ça outrage au public.

— Mais c’est à Bonn qu’est le pouvoir.

— Mais il n’y a que les Berlinois qui sont fous de chiens. »

Je tentai de rendre ridicule l’insertion locale de Scherbaum. Je parlai d’idée fixe, de la surestimation classique dont la situation de Berlin est l’objet.

Vero Lewand me servit des chiffres : « Savez-vous seulement combien il y a de chiens déclarés ici ? – Bon, alors.

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